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446 LA VEUVE.

Le peu que j'y perdrai ne vaut pas m'en fâcher'.

Rien de mes sentiments ne sauroit approcher gSo

Comme alors qu'au théâtre on nous fait voir Mélile,

Le discours de Cloris, quand Philandre la quitte" :

Ce qu'elle dit de lui, je le dis de ta sœur,

Et je la veux traiter avec même douceur.

Pourquoi m'aigrir contre elle "^ En cet indigne change, gSS

Le beau choix qu'elle fait la punit et me venge ^ ;

Et ce sexe imparfait, de soi-mcme ennemi*,

Ne posséda jamais la raison qu'à demi.

J'aurois tort de vouloir qu'elle en eût davantage ;

Sa foiblesse la force à devenir volage. g/lo

Je n'ai que pitié d'elle en ce manque de foi ;

Et mon courroux entier se réserve pour toi,

Toi qui trahis ma flamme après l'avoir fait naître,

Toi qui ne m'es ami qu'afîn d'être plus traître.

Et que tes lâchetés tirent de leur excès ', giS

Par ce damnable appas, un facile succès.

Déloyal ! ainsi donc de ta vaine promesse

Je reçois mille affronts au lieu d'une maîtresse ;

Et ton perfide cœur, masqué jusqu'à ce jour,

Pour assouvir ta haine alluma mon amour ! gSo

PHILISTE.

Ces soupçons dissipés par des effets contraires, Nous renouerons bientôt une amitié de frères.

1. Var. Le peu que j'y perdrai ne vaut pas s'en fâcher. (iGS^)

2. Mélite, acte IH, se. v, p. 202. Les poëtes dramatiques du dix-seplii-nie siècle aimaient à placer ainsi dans la bouche de leurs personnages des allusions à leurs ouvrages antérieurs. Voyez la note sur le vers 702 do la Place Royale. Molière dit dans le Misanthrope (acte l, se. i) :

Je ris des noirs accès où je vous envisage.

Et crois voir en nous deux, sous même soin nourris,

Les deux frères que peint l'École des maris.

3. Var. Le choix de ce lourdaud la punit et me venge. (1 634-57)

4. Var. Et ce sexe imparfait, de son mieux ennemi. (i634-6o)

5. Var. Et que tes lâchetés tirent de leurs excès. (iC34-57)

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