Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 2.djvu/53

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Dorimant.

C’est rendre un prompt hommage aux yeux qui me l’ont prise.

Lysandre.

Puisque tu les connais, je ne plains plus ton mal.

Dorimant.

Leur coup, pour les connaître, en est-il moins fatal ?

Lysandre.

Non, mais du moins ton cœur n’est plus à la torture
De voir tes vœux forcés d’aller à l’aventure ;
Et cette belle humeur de l’objet qui t’a pris…

Dorimant.

Sous un accueil riant cache un subtil mépris.
Ah, que tu ne sais pas de quel air on me traite !

Lysandre.

Je t’en avais jugé l’âme fort satisfaite :
Et cette gaie humeur, qui brillait dans ses yeux,
M’en promettait pour toi quelque chose de mieux.

Dorimant.

Cette belle, de vrai, quoique toute de glace,
Mêle dans ses froideurs je ne sais quelle grâce,
Par où tout de nouveau je me laisse gagner,
Et consens, peu s’en faut, à m’en voir dédaigner.
Loin de s’en affaiblir, mon amour s’en augmente ;
Je demeure charmé de ce qui me tourmente.
Je pourrais de toute autre être le possesseur,
Que sa possession aurait moins de douceur.
Je ne suis plus à moi quand je vois Hippolyte