Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 2.djvu/54

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Rejeter ma louange et vanter son mérite,
Négliger mon amour ensemble et l’approuver,
Me remplir tout d’un temps d’espoir et m’en priver,
Me refuser son cœur en acceptant mon âme,
Faire état de mon choix en méprisant ma flamme.
Hélas ! en voilà trop : le moindre de ces traits
A pour me retenir de trop puissants attraits ;
Trop heureux d’avoir vu sa froideur enjouée
Ne se point offenser d’une ardeur avouée !

Lysandre.

Son adieu toutefois te défend d’y songer,
Et ce commandement t’en devrait dégager.

Dorimant.

Qu’un plus capricieux d’un tel adieu s’offense ;
Il me donne un conseil plutôt qu’une défense,
Et par ce mot d’avis, son cœur sans amitié
Du temps que j’y perdrai montre quelque pitié.

Lysandre.

Soit défense ou conseil, de rien ne désespère ;
Je te réponds déjà de l’esprit de sa mère.
Pleirante son voisin lui parlera pour toi ;
Il peut beaucoup sur elle, et fera tout pour moi.
Tu sais qu’il m’a donné sa fille pour maîtresse.
Tâche à vaincre Hippolyte avec un peu d’adresse,
Et n’appréhende pas qu’il en faille beaucoup :