Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 2.djvu/78

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J’ai pitié du tourment que vous donnent ces feintes.
Suivez ce bel objet dont les charmes puissants
Sont et seront toujours absolus sur vos sens.
Quoi qu’après ses dédains un peu d’orgueil publie,
Son mérite est trop grand pour souffrir qu’on l’oublie ;
Elle a des qualités, et de corps, et d’esprit,
Dont pas un cœur donné jamais ne se reprit.

Lysandre.

Mon change fera voir l’avantage des vôtres,
Qu’en la comparaison des unes et des autres
Les siennes désormais n’ont qu’un éclat terni,
Que son mérite est grand, et le vôtre infini.

Hippolyte.

Que j’emporte sur elle aucune préférence !
Vous tenez des discours qui sont hors d’apparence ;
Elle me passe en tout ; et dans ce changement,
Chacun vous blâmerait de peu de jugement.

Lysandre.

M’en blâmer en ce cas, c’est en manquer soi-même,
Et choquer la raison, qui veut que je vous aime.
Nous sommes hors du temps de cette vieille erreur
Qui faisait de l’amour une aveugle fureur,
Et l’ayant aveuglé, lui donnait pour conduite
Le mouvement d’une âme et surprise et séduite.
Ceux qui l’ont peint sans yeux ne le connaissaient pas ;
C’est par les yeux qu’il entre, et nous dit vos appas ;