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Dorimant.

Tu cherches des détours : je parle d’Hippolyte.

Célidée.

Et c’est là seulement le discours qu’il évite.
Tu t’enferres, Aronte ; et, pris au dépourvu,
En vain tu veux cacher ce que nous avons vu.
Va, ne sois point honteux des crimes de ton maître :
Pourquoi désavouer ce qu’il fait trop paraître ?
Il la sert à mes yeux, cet infidèle amant,
Et te vient d’envoyer lui faire un compliment.
(Aronte sort.)


Scène III

Dorimant, Célidée.


Célidée.

Après cette retraite et ce morne silence,
Pouvez-vous bien encor demeurer en balance ?

Dorimant.

Je n’en ai que trop vu, mes yeux m’en ont trop dit :
Aronte, en me parlant, était tout interdit,
Et sa confusion portait sur son visage
Assez et trop de jour pour lire son message.
Traître, traître Lysandre, est-ce là donc le fruit
Qu’en faveur de mes feux ton amitié produit ?

Célidée.

Connaissez tout à fait l’humeur de l’infidèle,
Votre amour seulement la lui fait trouver belle :
Cet objet, tout aimable et tout parfait qu’il est,
N’a des charmes pour lui que depuis qu’il vous plaît ;
Et votre affection, de la sienne suivie,