Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/427

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Je n’ai point fait de narration de la mort de Polyeucte, parce que je n’avais personne pour la faire ni pour écouter que des païens qui ne la pouvaient ni écouler ni faire que comme ils avaient fait et écoulé celle de Néarque ; ce qui aurait été une répétition et marque de stérilité, et, en outre, n’aurait pas répondu à la dignité de l’action principale, qui est terminée par là. Ainsi j’ai mieux aimé la faire connaître par un saint emportement de Pauline, que celle mort a convertie, que par un récit qui n’eût point eu de grâce dans une bouche indigne de le prononcer. Félix, son père, se convertit après elle ; et ces deux conversions, quoique miraculeuses, sont si ordinaires dans les martyres, qu’elles ne sortent point de la vraisemblance, parce qu’elles ne sont pas de ces événements rares et singuliers qu’on ne peut tirer en exemple; et elles servent à remettre le calme dans les esprits de Félix, de Sévère et de Pauline, que sans cela j’aurais eu bien de la peine à retirer du théâtre dans un état qui rendit la pièce complète, en ne laissant rien à souhaiter à la curiosité de l’auditeur.