Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/275

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Que j’en fus en six mois autant aimé qu’amant ;
J’en reçus des faveurs secrètes, mais honnêtes,
Et j’étendis si loin mes petites conquêtes
Qu’en son quartier souvent je me coulais sans bruit,
Pour causer avec elle une part de la nuit.
Un soir que je venais de monter dans sa chambre…
(Ce fut, s’il m’en souvient, le second de septembre,
Oui, ce fut ce jour-là que je fus attrapé),
Ce soir même son père en ville avait soupé ;
Il monte à son retour, il frappe à la porte ; elle
Transit, pâlit, rougit, me cache en sa ruelle,
Ouvre enfin, et d’abord (qu’elle eut d’esprit et d’art ! )
Elle se jette au cou de ce pauvre vieillard,
Dérobe en l’embrassant son désordre à sa vue ;
Il se sied ; il lui dit qu’il veut la voir pourvue,
Lui propose un parti qu’on lui venait d’offrir.
Jugez combien mon cœur avait lors à souffrir !
Par sa réponse adroite elle sut si bien faire
Que sans m’inquiéter elle plut à son père.
Ce discours ennuyeux enfin se termina ;
Le bonhomme partait quand ma montre sonna,
Et lui, se retournant vers sa fille étonnée :
"Depuis quand cette montre ? et qui vous l’a donnée ?
— Acaste, mon cousin, me la vient d’envoyer,
Dit-elle, et veut ici la faire nettoyer,