Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/177

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relevées dans Cosroès; pourlani, en cerlains passages on croit lire Nicomède transposé, pour ainsi dire, d’un ton et poussé au tragique.

Qu’est-ce, en effet, que Sira, mère ambitieuse de Mardesane, épouse altière de l’imbécile Cosroès, sinon une Arsinoé tragique, qui avoue hautement ses projets criminels?

Mais je périrai, traître, ou mon fils régnera ’.

Klle a plutôt l’impalience parfois maladroite d’une Agrippine que la souplesse patiente d’une Arsinoé; mais ses adversaires la calomnient quand ils assurent qu’elle ne saurait parier « qu’avecque violence ». Près de Cosroès, dont elle gouverne l’esprit halluciné, elle sait jouer à merveille la comédie de la tendresse et du désintéressement. Sans lui, pourrait-elle continuer à vivre? C’est à lui seul qu’elle songe :

Objet fie nos encens, Soleil, tu m"cs témoin Si l’intérêt d’un fils me produit aucun soin.

Comme Arsinoé, elle imagine un complot dirigé contre s;i vie et destiné à attendrir le facile Cosroès; comme Arsinoé, elle a le mépris du peuple :

Le peuple parle assez, mais exécute peu.
Et s’alentit bientôt après son premier feu.

Mais aussi, comme Arsinoé, elle se heurte aux scrupules honnêtes de son fils. Le caractère du jeune Mardesane est tracé avec délicatesse, mais, par malheur, tourne vile au tragique, comme tous les autres. Le zèle maternel le touche moins qu’il ne l’inquiète ; il a le goût de la justice et l’amour de la paix. Si pourtant il n’ambitionne pas le trône, ce n’est pas qu’il se sente indigne d’y monter :

Ce n’est qu’un joug pompeux, le repos m’est plus doux.
Non que je ne me sente et d’àme et de naissance
Capable d’exercer cette illustre puissance ;
Mais, quoique doux éclat qu’ait un bandeau royal.
Une me plairait pas sur un front déloyal...
J’ai tous les sentiments dignes des grandes âmes...

i. Voir Cosroét, dans notre Théâtre choisi de Rotrou,