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Bazacle ; l’évêque et les religieux de Saint-Sernin y ajoutaient la dîme de tous leurs revenus et les draps qui provenaient du droit de dépouille sur les morts qui étaient ensevelis au cimetière de l’abbaye.

Parmi les témoins qui figurent dans ces différentes chartes, nommons un Saturnin du Peyrou (ce qui prouverait que le nom de la place, et de la rue du Peyrou est très ancien dans Toulouse), le chanoine Bernard Auger et certains membres de grandes familles exclusivement toulousaines, Guillaume-Bernard de Bruguières et son beau-fils Charles de Bruguières, Arnaud-Raymond de Castelnau, Aymar de Villemur et Rayrnond-Amiel de Saint-Théodard.

Et le comte termine en appelant les malédictions du ciel sur les démolisseurs de son œuvre ; « et si quelqu’un de nos successeurs allait à l’encontre de ce que nous avons établi, qu’il soit maudit dans la géhenne du feu, lui et tous ses biens ».

Quant au chef qu’il fallait donner à cette maison de charité, la charte le désigne clairement avec toutes ses vertus ; écoutez : « iste qui vult esse dux domus istius sit conversus ad Deum imprimis et ad sanctam Mariam et ad pauperes domus istius. Postea ducat seipsum et omnes pauperes et illos qui sunt moraturi in istum hospitalium ». Le latin du notaire est barbare et de qualité inférieure, mais quelle richesse de pensée ! « Que celui qui veut être le chef de cette maison soit avant tout tourné vers Dieu, vers la sainte Vierge Marie et ensuite vers les pauvres ; qu’il se gouverne lui-même pour mieux diriger les pauvres et tous ceux qui demeureront dans cet hôpital. »

À ces traits, vous avez reconnu Raymond Gayrard et c’est à lui en effet que le comte et l’évêque confièrent la direction de l’hôpital nouveau ; « et hoc totum est in bajulia de Deo, de sancta Maria et de Raymundo Guiraldo : et le tout est sous la garde de Dieu, de la Vierge Marie et de Raymond Gayrard. »

Lorsqu’il vint à mourir, le 3 juillet 1118, « V. non. julii, anno MCX VIII (nécrologe de Saint-Sernin), Raymond Gayrard demanda, comme une faveur, la grâce d’être enseveli, non dans le superbe monument dont il avait activé la construction avec tant de succès, mais dans l’humble chapelle Saint-Jean du modeste hôpital qu’il avait dirigé avec tant de charité. Ses restes y furent vite vénérés comme une pieuse relique et, dès ce moment-là hôpital et chapelle portèrent le nom du saint religieux.