Page:Cournot - Essai sur les fondements de nos connaissances.djvu/286

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il ne s’ensuivrait pas qu’elles perdent leur caractère de causes accidentelles et étrangères, ni qu’il faille cesser de considérer les effets qu’elles produisent comme des altérations du type originel, que l’on doit mettre à l’écart si l’on veut concevoir ce type dans sa perfection idéale et dans sa beauté essentielle. Tel est l’objet ou l’un des objets de l’art : c’est à cela que s’applique, à défaut des procédés méthodiques de la science, le sentiment indéfinissable que l’on nomme le goût, et qui, tenant surtout à une délicatesse particulière d’organisation, met pourtant à profit comme la science, quoique d’une manière différente, les secours de l’étude et d’une observation attentive.

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Sans doute les conditions de la perfection des types spécifiques et de la beauté idéale n’attirent pas au même degré, pour toutes les espèces, l’attention du commun des hommes et celle des artistes, et cela pour deux raisons : l’une relative à l’homme et qui fait qu’il s’intéresse de préférence aux espèces qui se rapprochent le plus de lui, qui servent le mieux ses besoins ou ses plaisirs, qu’il a pour amies ou pour ennemies naturelles ; l’autre, fondée sur la