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Durant ces longs voyages, ils avaient à endurer la faim, la soif, et les ardeurs du soleil ; leur santé n’en paraissait pas manifestement altérée. Aujourd’hui encore, on trouverait ce travail exagéré ; combien ne l’était-il pas davantage alors, avec ces chemins étroits, bourbeux, traversés par des torrents ? Ces travaux sont aujourd’hui devenus plus rares et moins pénibles, grâce à l’amélioration des routes et à l’établissement des ligués ferrées de Bordeaux à Mont-de-Marsan et de Bazas à Langon. L’agriculture n’aura pas à s’en plaindre.

Le lecteur me saura gré, je pense, de ne pas abandonner ce sujet, sans mettre sous ses yeux un passage de la plume compétente et facile de M. Dupont de Bordeaux : « Le bœuf bazadais est, par dessus et avant tout, un bœuf de travail. N’importe la tâche imposée : labour, transport, il l’accomplit. Terre forte ou légère, voie douce ou ferrée, il déchire les unes et parcourt les autres sans effort. Quels que soient l’heure, la saison, les lieux, la distance, ce noble animal ne se dément jamais. L’abondance ou la misère n’exercent leur influence que sur son état général. Les saisons n’ont pas de rigueur pour lui. La nature le dota d’une vitalité et d’une énergie qui ont résisté à toutes les influences contraires du sol sur lequel il devait vivre, à l’incurie et à l’inertie du maître qui devait lui commander ; rien n’égale sa sobriété et sa force organique. On peut, sans hésitation, le placer à la tête de l’espèce comme travailleur et dire de lui, qu’il est la machine agricole par excellence. On rencontre chaque jour, sur la route de Mont-de-Marsan et Dax jusqu’à Langon, de nombreux attelages bazadais, traînant sur de lourdes charrettes, à deux roues, des charges énormes de tous les produits des Landes. Ce genre de roulage constitue, dans le Bazadais,