Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/45

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le lointain de la pièce où se dandinait, saluant les murs de droite et de gauche, un petit vieux monsieur au crâne nu, au visage mangé de barbe grise. Peut-être avait-il toqué sans que la timidité de son appel noyé dans le bruit de la discussion fût parvenu aux oreilles intéressées : le fait est qu’il se trouvait là, rivé au sol, avec la contenance gênée de l’homme tombé mal à propos dans une discussion de ménage.

Assez sèchement, vexé, à la vérité, d’avoir été surpris lavant son linge sale :

— Qui êtes-vous, monsieur ; et qu’est-ce que vous voulez ? demanda de sa place M. de La Hourmerie.

Le petit vieux monsieur répondit :

— Je vous prie de m’excuser, monsieur. Le chef du bureau des Legs, s’il vous plaît ?

— C’est moi-même.

Cette révélation détermina chez le visiteur une brusque projection en avant de toute la partie supérieure de son être. Presque il baisa la terre ! dans son empressement de courtoisie ; et un instant, par le bâillement postérieur de son faux-col, on distingua sa nuque en forme de gouttière, la naissance de son échine baignée de mystérieuse