Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/54

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vaines attentes, il s’était enfin décidé à faire son petit coup d’État en venant à Paris, lui-même, disputer aux lenteurs administratives son humble part du legs Quibolle. Et il conta que depuis vingt minutes il errait, triste chien perdu, par les tortueux dédales de la Direction. Bien sûr il ne se plaignait pas ; mais à ses étranges sourires, à ses mots qui ne trouvait pas, à ses phrases pudibondement interminées, on reconstituait les dessous de sa lamentable odyssée ; on pressentait sur quels extraordinaires locaux il avait dû pousser des portes ! combien de corridors enchevêtrés avaient vu et revu sa mélancolique silhouette, aux épaules voûtées un peu déjà, par l’âge.

Il se justifia, d’ailleurs !

— Je vous demande mille pardons, monsieur, de venir ainsi vous troubler au milieu de vos occupations, mais ma situation toute spéciale me fera excuser, je l’espère. Il faut vous dire qu’en me nommant à Vanne-en-Bresse, M. le ministre des Beaux-Arts ne m’a pas… — euh, comment dirais-je ?… — exceptionnellement favorisé. Mon Dieu, non. À beaucoup près, même. Le musée de Vanne-en-Bresse, en effet, n’est pas des plus… intéressants. Certes, dire qu’il n’y a rien à y voir serait de