Page:Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir, 1893.djvu/76

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C’était le conservateur du musée de Vanne-en-Bresse. Ce pauvre homme, qui ne trouvait plus la sortie, l’allait quêtant de porte en porte. Successivement il avait pénétré : chez le commis d’ordre Guitare, au même moment où cet ingénieux employé rafistolait son soulier avec un morceau de ficelle ; puis chez Van der Hogen, dont il n’avait vu que des jambes perchées au faîte d’une échelle (toute la partie supérieure du sous-chef disparue au fond d’un placard) ; puis chez Letondu, qu’il avait surpris presque à poil, en train de faire des tours de force avec le panier à bois. Si bien que maintenant, habitué déjà, il contemplait sans trop de stupeur ce nouvel et extraordinaire aperçu d’un titulaire officiel dans l’exercice de ses fonctions. Il fut charmant au demeurant, confus d’être si mal tombé :

— Combien je regrette, vraiment…, je ne sais comment me faire excuser ! Je trouble là une plaisanterie qui promettait d’être excellente…

Au fond il cachait sa surprise, s’étant fait, en son trou de province, une idée autre des grandes administrations. Ce fut, entre Lahrier et lui, un vrai tournoi de courtoisie. Également empressés à repousser les protestations l’un de l’autre, ils se défendaient avec une même chaleur, avec ce même