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DUCIS


1733 — 1816



Si Ducis n’avait laissé après lui que l’exemple d’une noble vio, racontée avec uno naturelle éloquence dans les lettres où il exhalait jour à jour les cantiques de son âme pleine de Dieu, en parcourant ces touchants témoignages d’une intelligence pure et fière, on se prendrait volontiers à s’écrier : « Quel dommage qu’il n’ait pas eu toute la volonté de son génie ? Pourquoi n’a-t-il pas écrit en vers ? » Je viens d’étudier, non sans fatigue, l’œuvre poétique de Ducis, et je me sens agité d’un regret tout contraire. Ces odes, ces élégies, ces épîtrès d’une composition indécise, d’un style trop souvent emphatique et trop souvent trivial, d’une versification négligée et traînante, font tort au bon vieillard devant la postérité. Les défaillances de l’artiste ont plus d’une fois empêché les délicats et les paresseux (c’est presque la même race) d’aller plus avant, et de dégager de sa pénombre la vénérable figure du poète.

Oui, Jean-François Ducis fut un poëte en dépit de la plupart de ses vers. Né à Versailles le 23 août 1733, il y mourut le 30 mars 1816, et jamais patriarche n’honora plus dignement le sacerdoce" des longues années. Un jour on disait à Boufllers, qui venait de le visiter en son déclin : a Eh bien ! le vieux Ducis est tombé en enfance ? — Non ! répondit— il, il est rentré en jeunesse l » Ducis n’avait guèro cessé d’être jeune : privilège magnifique et rare, récompense légitime do ces pieux pèlerins qui ont voyagé en regardant le ciel ! Il avait traversé sans s’aigrir les douloureuses saisons où chacun en France eut à souffrir du danger de la grande patrie ; il avait subi toutes les attaques, il avait supporté toutes les misères : mais il savait que o les vérités de Dieu sont les piliers du monde, » et fermement attaché à ces supports iné