Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/15

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en allant déclarer à Mme Denys, que, si M. son oncle a des intentions religieuses à manifester, ce sera pour le mieux. Mme Denys lui répondit qu’on n’y trouverait sûrement aucun empêchement de la part de son oncle, attendu qu’il avait l’habitude de se confesser et de se faire administrer toutes les fois qu’il se croyait bien malade, et qu’à sa propre connaissance et de compte fait par elle, il avait déjà reçu l’absolution sept à huit fois, depuis huit ou dix ans.

Le Curé de Saint-Sulpice envoya d’abord auprès de Voltaire un prêtre habitué de son église, appelé l’abbé Gauthier. Celui-ci fut satisfait de son entrevue préliminaire avec le philosophe, et M. le Curé, qui ne manqua pas de le visiter le lendemain matin, n’eut aucune peine à obtenir de lui cette déclaration que le malade écrivit au courant de la plume, et dont j’ai vu l’original entre les mains de feu M. l’Archevêque :

« Ce 2 mars 1778, étant à Paris, dans la maison de M. le Mis de Villette, je soussigné, François-Marie Arouet de Voltaire, Écuyer, Seigneur de Ferney, Semaise et autres lieux, Gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, l’un des quarante de l’Académie française, etc., déclare que, me trouvant attaqué, depuis quatre jours, d’un vomissement de sang, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, et n’ayant pu me rendre à l’église, Monsieur le Curé de Saint-Sulpice, sur la paroisse duquel je me trouve,