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50 INTRODUCTION

mais dans lesquelles l'imitation du passé l'emporte sur la nouveauté.

Le siècle d'Auguste est surtout pour les Grecs un siècle d'histoire et de critique. Strabon, Diodore, Denys d'Halicarnasse sont les plus grands noms de ce temps. La poésie n'a plus qu'une existence arti- ficielle dans l'épigramme, dans les improvisations, ou dans des panégyriques tels que le poème d'Ar- chias sur le consulat de Cicéron. Les Grecs de ce temps sont à demi romains par leurs idées, par leurs amitiés et par leurs admirations.

Toutefois un mouvement d'indépendance se des- sine après la mort d'Auguste et produit bientôt le siècle des Antonins. L'esprit grec, sans échapper à la prépondérance romaine, tend à relever ses tradi- tions déchues. Il y réussit en partie dans l'art ora- toire avec Dion Chrysostome et les sophistes, dont la réputation devient immense au temps d'Adrien, d'Antonin, de Marc-Aurèle; dans la philosophie morale et dans l'histoire avec Plutarque, Arrien, Appien, Marc-Aurèle lui-même, romain hellénisé, que l'on peut considérer comme un Grec; dans la prose satirique avec Lucien.

Mais après cet éclat, le déclin se manifeste d'une manière définitive. L'histoire, honorée encore par Hérodien et Dion Cassius, disparaît ensuite, ou du moins cesse d'être ni un art ni une science. L'élo- quence sophistique, simple procédé habilement en- tretenu, semble par là même plus durable, et elle brille depuis le commencement du m® siècle jusque vers la fin du iv* avec Philostrate et Longin, Himé- rios, Thémistios et Libanios ; mais elle n'est en réa- lité que l'ombre d'un art déchu, et Julien lui-même ne lui rend pas la vie. Le roman naît alors, sans pro- duire aucune œuvre qui mérite d'être considérée

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