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72 CHAPITRE PREMIER — LES ORIGINES

hellénique, à celui du Nord et à celui de l'Orient. Aussi, lorsque Delphes sortit de l'obscurité, la fusion de ces deux influences ne tarda pas à s'y opérer.

La plus ancienne tradition relative aux concours poétiques de Delphes met précisément ce fait en pleine lumière. « Le premier concours établi à « Delphes dont on fasse mention, nous dit Pausanias, « le premier pour lequel des prix aient été insti- « tués, consistait deLiislec/iantcTun hymne enPhomieur € du dieu, Chrysothémis le Cretois y chanta et y fut « vainqueur ; on dit qu'il était fils de Carmanor qui « purifia Apollon. Après Chrysothémis, Philammon, « dit-on, fut vainqueur au concours du chant, et, « après Philammon, Thamyris, son fils...; Hésiode, < à ce qu'on prétend, ne fut pas admis au concours, « parce qu'il ne savait pas s'accompagner en jouant « de la cithare *. »

Que nous apprend en somme cette tradition ? D'abord, que les premiers concours de Delphes furent des concours de poésie religieuse, ce qui confirme l'idée générale que nous exposons en ce moment ; en second lieu, que ces concours attirèrent successivement des poètes venus de la Grèce insu- laire et orientale, tels que le Cretois Chrysothémis, puis d'autres qui nous sont partout donnés comme des Thraces, tels que Philammon et son fils Tha- myris ; enfin que tous ceux qui concoururent à Delphes chantaient des hymnes en l'honneur d'A-

1. Pausan., X, 7. On sait que rétablissement régulier des jeux pythiques par décret des Amphictions date du commencement du VI* siècle (vers 585) ; mais on admettait généralement qu'ils avaient existé longtemps auparavant, comme en témoigne la narration relative à la fausse mort d'Oreste dans V Electre de Sophocle, et il ne parait pas douteux qu'il n'y ait uue part de vérité historique dans la tradition rapportée ici.

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