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APOLLON ET LES MUSES 73

pollon et s'accompagnaient de la cithare. Si nos conjectures précédentes sont fondées, ce dernier fait est particulièrement intéressant ; car il nous fait voir quelques-uns au moins des héritiers de la tra- dition piérienne acceptant les inventions nouvelles de la Grèce orientale et accomplissant ainsi la fusion féconde des deux poésies originairement distinctes. Apollon apportait aux Muses, outre ses rythmes per- fectionnés, l'usage d'un instrument nouveau qui chantait en même temps que le poète et donnait à ses vers plus d'éclat et de sonorité. Les Muses de leur côté lui prêtaient sans doute quelque chose de la gravité religieuse et mystique de leurs vieilles traditions. Une alliance étroite et définitive se faisait entre ces divinités si bien faites pour s'entendre, Apollon devenant le maître du chœur divin, le dieu de toute poésie et de tout idéal, tandis que les Muses, inférieures à lui en dignité, restaient cepen- dant les dispensatrices immédiates de l'inspira- tion * .

Est-il possible maintenant de faire dans ces évé- nements généraux la part personnelle de quelques hommes et de démêler un peu de vérité biogra- phique au milieu des légendes relatives aux per- sonnages qui viennent d'être cités ? Voici en quel- ques mots ce que l'on sait ou ce que l'on peut devi- ner sur chacun d'eux.

Chrysothémis n'a, pour ainsi dire, point de lé- gende*. Mais, poète et crétois, fils de Carmanor, qui passait pour avoir purifié Apollon, il personnifie clairement par tous ses titres à la fois la poésie

��1. Théogon,, v. 94 : 'Ex ifàp Mou^iwv x«l Ixv^CfSXou 'AnAXcovoç — av^pEi aoi§o\ laatv Itci '/(B6va xai xiOapiaxa^.

2. Pausan.y X, 7; Proclus, chez Photius, cod. 320.

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