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80 CHAPITRE PREMIER - LES ORIGINES

C'est là que le talent des premiers aèdes de profes- sion dut trouver l'occasion de se produire avec éclat, et c'est là aussi, par conséquent que la poésie, de- venant plus hardie à mesure qu'elle se sentait plus admirée, prit véritablement son essor.

Quoi qu'il en soit d'ailleurs de cette histoire obs- cure, on ne peut douter qu'à la période des hymnes ne corresponde un développement considérable de l'esprit grec, et que l'influence de cette poésie pri- mitive sur la poésie épique n'ait été fort grande, ce Ce sont les poètes Homère et Hésiode, dit Iléro- « dote, qui ont fait la théogonie grecque, en don- ce nant aux dieux leurs noms, en fixant les honneurs « et les attributs de chacun d'eux, en dépeignant « leurs formes*. » Le grand historien s'est trompé. L'honneur qu'il attribuait à Homère et à Hésiode revient incontestablement aux poètes des hymnes. Durant une période de temps que nous ne pouvons déterminer, ils ont chanté avec plus ou moins d'art et de talent les dieux de chaque cité, et, lorsqu'ils se mirent à voyager de sanctuaire en sanctuaire, ils contribuèrent à former, en les groupant, l'Olympe hellénique. Ce sont eux surtout qui ont popularisé les caractères, les attributs, les formes mêmes de ces dieux; ils ont attaché à leurs noms certaines épithètes qu'une vénération traditionnelle a conser- vées par la suite. De là vient qu'on rencontre en grand nombre dans la poésie épique des adjectifs archaïques, qui ne répondent plus ni au goût, ni aux habitudes de langage du temps, mais qui s'y maintiennent par la force de l'usage*; de là vient

1. Hérodote. II, 53.

2. Des qualifications telles que axaXap&s^xr];, PpiTJTCuoç, evuàXtoç, TaXaupivo;, |3o(oni(, etc., sont certainement plus anciennes que les chants héroïques.

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