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94 CUAPITRE PREMIER — LES ORIGINES

pour les rendre plus intelligibles, soit cru de tout le monde sur parole, pourvu qu'il respecte les don- nées très générales de la tradition ; el lui-même ne peut guère manquer de considérer son œuvre comme une révélation divine. Le germe de la légende était donc seul antérieur aux récits des aèdes; mais en réalité ce furent ces récits qui dégagèrent la légende el lui permirent de se développer. Un assentiment immédiat fut donné à leurs inventions les plus heu- reuses à mesure qu'elles se produisaient; elles prirent corps el elles devinrent quelque chose d'historique.

Ces premiers chants épiques ne pouvaient guère Irai ter que les grands événements de chaque lé- gende. 11 fallait tirer de l'obscurité les choses prin- cipales pour quMl fiit possible aux autres d'appa- railre. Mais chaque composition qui obtenait quelque succès devenait par là même propre à en susciter d'autres qui la continuaient et retendaient. Elle mettait en lumière quelques faits nouveaux autour desquels d'autres épisodes venaient bientôt se grou- per. Une sorte de solidarité s'établit ainsi spontané- ment entre les aèdes. Sans qu'il y eiit d'entente po- sitive entre eux, ils acceptaient les inventions les uns des autres, lorsqu'ils les trouvaient admises (ItVjà dans la croyance publique, et ils se contentaient (le les enrichir par des additions toujours cniis- santes.

()uand la légende fut assez complète et assez connue du public dans ses parties essentielles, il se produisit un fait curieux, qui est d'une importance capitale pour expliquer la formation de V Iliade et <ie V Odyssée : c'est que les chants nouveaux, à mesure qu'ils naissaient, commencèrent à se grouper eiUre eux. On savait d'avance la suite des événements prin-

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