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GROUPEMENT DES CHANTS ÉPIQUES

faire, lorsque ni l’un ni l’autre de ces grands ensembles n’existait. Nous pouvons donc être certains qu’au temps où la poésie épique prit son essor, les choses se passaient ordinairement ainsi. Les traditions étaient déjà riches, variées, et fixées dans leurs traits essentiels ; le public les connaissait en gros : les aèdes les lui racontaient en détail. Leurs récits, bien qu’indépendants les uns des autres par la composition comme ils l’étaient par la récitation, se rattachaient entre eux par suite de certaines relations naturelles des épisodes et par le rôle prédominant attribué à certains héros. Il se formait ainsi, à mesure que ces récits partiels naissaient, non de grands poèmes au sens propre du mot, mais des groupes de chants, qui pouvaient avoir, selon les circonstances et le génie des auteurs, plus ou moins d’unité intime.

L’Iliade, à sa naissance, ne fut pas autre chose qu’un de ces groupes, et nous pouvons espérer maintenant, en l’étudiant de près à la lumière de cette idée, en comprendre la formation.