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LIVRE i 113

clamer, le front couronné des bandelettes sacrées et les mains pleines d'or. Agamemnon le repousse dure- ment. Scène courte, mais d'un pathétique admirable. La prière du vieux prêtre désespéré monte vers Apol- lon ; le dieu l'entend, sa colère éclate, il lance ses traits contre les Achéens. Pendant neuf jours, la peste ravage le camp ; au bout de ce temps, Achille convoque l'assemblée et décide le devin Calchas à révéler la cause de la colère du dieu. Calchas dé- nonce l'outrage fait par Agamemnon à Ghrysès. Il n'en faut pas plus pour mettre en feu les passions d'où naîtra tout le poème. Voilà le chef suprême désigné comme l'auteur des maux dont souffre l'ar- mée ; furieux, il invective le devin et s'en prend à tous les chefs indirectement : résigné à rendre Chryséis, puisqu'il le faut, il entend bien du moins être dédommagé de son sacrifice. Une telle préten- tion irrite l'impatient Achille ; ainsi s'engage la querelle. Les menaces et les provocations, les ou- trages et les plaintes amères s'entrecroisent. Aux paroles violentes succéderaient des actes plus vio- lents encore sans l'intervention d'Héré et d'Athéné. Achille avait déjà tiré à demi son épée ; il la remet au fourreau, mais il jure solennellement qu'un jour les Achéens regretteront de ne plus le voir com- battre pour eux. En vain le vieux Nestor intervient avec des paroles de paix ; Agamemnon répète qu'il se dédommagera aux dépens d'Achille en lui enle- vant sa captive Briséis, et Achille de son côté re- nouvelle sa déclaration de haine et d'hostilité. L'as- semblée se disperse alors et Achille se retire, tandis qu' Agamemnon se prépare à renvoyer Chryséis à son père et fait purifier le camp.

Tout cela se tient et forme un ensemble qui se suffit à lui-même. On se représente aisément un tel

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