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LIVRE I 117

ainsi agrandi son œuvre ? Si nous ne nous trompons, la conception de cette seconde partie ne s'explique pas uniquement par le besoin de compléter la pre- mière : on y sent aussi l'intention de donner plus de force et d'éclat à un fait capital, l'offense d'Achille; et pourquoi cette intention, sinon pour préparer d'autres chants qui devaient être composés d'après cette donnée ? Les déclarations d'Achille y sont re- nouvelées en présence des messagers d'Agamennon, l'outrage est rappelé dans l'entretien avec Thétis, le personnage du héros grandit par les réflexions douloureuses que sa mère fait sur sa destinée, enfin le serment solennel de Zeus avec l'appareil de ma- jesté et de terreur qui l'entoure, avec les révoltes inutiles qu'il provoque dans l'Olympe, donne l'im- pression profonde de la gravité des événements accomplis et de l'étendue des conséquences qu'ils produiront. C'est grâce à ce complément remar- quable que le chant de la Querelle a pu devenir la base de tout un édifice de poésie, et par suite il semble difficile de nier que son auteur ait eu en le complétant ainsi la pensée de l'approprier à cette destination. Mais résulte- t-il de là que les chants futurs, dont le poète devait avoir dès lors quelque idée, lui soient apparus à ce moment sous la forme du poème continu que nous avons aujourd'hui sous les yeux ?En aucune façon. La prière de Thétis et le serment de Zeus attestent même le contraire. Thétis demande à Zeus que les Achéens aient le dessous jusqu'à ce qu'ils aient donné satisfaction à son fils, et c'est là ce que promet Zeus '. Or cette promesse ne s'accorde que très imparfaitement avec l'action du

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