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128 CHAPITRE II. — ANALYSE DE L'ILIADE

Zeus à Thélis y est sans effet, car les Achéens sont constamment vainqueurs. Rien d'ailleurs n'avertit le lecteur que l'effet de cette promesse ne soit que re- tardé : en réalité, elle est purement et simplement oubliée, et Zeus reste à peu près étranger à ce qui se passe. Quant à sa fausse promesse à Agamemnon, transmise au commencement du livre II par l'inter- médiaire du Songe, elle est bien plus oubliée en- core. La bataille s'engage sans qu'il y soit fait allu- sion et sans qu'elle y contribue en rien. Il est donc manifeste à présent qu'elle a été faite vainement, ce qui montre assez combien on aurait tort de chercher en tout ceci un plan primitif. Mal relié par consé- quent à l'ensemble de l'action, ce groupe ne tient pas mieux à ce qui le précède immédiatement. En effet, ni au moment de la mort de Pandaros, ni lors du défi d'Hector, ni ailleurs, il n'y sera question du pacte antérieurement conclu et violé. Il semble que l'épisode du pacte n'existait pas encore lorsque le récit de ce premier grand combat a été composé.

Prenons à présent ce récit en lui-même. Il se divise en plusieurs parties distinctes. La première comprend la bataille proprement dite, c'est-à-dire la lin du livre IV et tout le livre V. C'est le chant des Exploits de Diomède au sens précis du mot, bien que ce titre ait été étendu dans l'antiquité à ce qui suit. Les deux armées sont aux prises ; Ares et Athéné excitent les combattants ; celle-ci prête à Diomède une valeur extraordinaire, et, pour lui laisser libre carrière, elle décide Ares à se retirer. Alors se déroule, dans une magnifique narration, la série des exploits du héros argien. Blessé par Pandaros, il est guéri sur-le-champ par Athéné : elle l'excite de nouveau et lui ordonne même d'attaquer Aphro- dite, s'il la rencontre sur le champ de bataille.

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