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130 CHAPITRE II. -> ANALYSE DE L'ILIADE

une sorte de variation admirable, qui peut bien provenir du même poète, mais qui est certainement d'une date postérieure*. Le rôle de Zeus peut aussi servir à la même démonstration : autant le dieu, au onzième livre, est actif et vigilant dans l'accomplis- sement de son serment, autant il se montre incer- tain et sans volonté au cinquième.

La seconde moitié de ce livre semble être une sorte d'extension de la première. Ce sont deux mor- ceaux destinés évidemment à constituer un groupe et qui se ressemblent sans se répéter. L'exploit de Diomède contre Aphrodite, qui est le fait principal de la première partie, se renouvelle dans la seconde sous une forme plus merveilleuse par son exploit contre Ares. Cette rencontre du héros et du dieu est le point vers lequel tout converge. Si nous déga- geons l'idée primitive des quelques additions qui l'obscurcissent aujourd'hui, tout se réduit en effet à une série d'événements fort simples qui nous y mènent en droite ligne. Ares a ranimé le courage des Troyens ; il marche devant eux avec Enyo et jette la terreur partout. Diomède, lui-même, se re- tire intimidé. Mais alors Héré et Athéné intervien- viennent ; elles obtiennent l'assentiment de Zeus et descendent de l'Olympe sur le champ de bataille. Là Héré , par son exhortation puissante , rend le courage aux Achéens, tandis qu'Athéné de son côté excite de nouveau Diomède. Elle monte avec lui sur son char à la place de Sthénélos et le dirige contre Ares. Grâce à elle, le dieu est vaincu par le héros, et, blessé, il remonte dans l'Olympe ; la scène qui a lieu entre Zeus et lui rappelle, par une sorte de

1. Cf. Annuaire de V Association des Etudes grecques, 1884, p. 54 et suiv. (Etudes sur l'Iliade).

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