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LIVRE VII 133

deux époux se voient alors pour la dernière fois. Les tristes pressentiments de l'un et de l'autre n'ont toute leur valeur poétique qu'à la condition d'être vrais. Par suite, il y a trop d'intervalle dans VIliade entre ces adieux et la mort d'Hector, qui n'aura lieu qu'au vingt-deuxième livre ; de plus, à la fin du septième livre, une trêve d'un jour sera conclue, qui implique nécessairement un retour d'Hector dans Troie. Et pourtant le livre XXII, qui est, comme nous le verrons plus tard, un des plus anciens du poème, semble bien imiter en quelques passages l'épisode des adieux. Tout dénote donc que celui-ci a dû être composé comme un morceau indépendant, à peu près dans le même temps que les chants primitifs de VIliade ou peut-être un peu plus tôt, et sans doute par le même poète. Plus tard un arrangeur l'a ratta- ché à VIliade, ainsi que VEntretien avec Péris, en composant, précisément pour cela, les autres par- ties du livre VI.

Le livre VII achève dans VIliade actuelle le récit de la bataille commencée à la fin du livre IV après la rupture du pacte, mais il l'achève de telle façon qu'il est à peu près impossible d'y voir l'œuvre d'un poète développant régulièrement une idée épique. En effet, sans raison valable, la bataille s'interrompt tout à coup pour faire place à un combat singulier. Athéné,au livre précédent, avait refusé d'écouter les prières des femmes troyennes qui lui demandaient de briser la lance de Diomède ; or, malgré ce refus de la déesse, Diomède, en pleine victoire, disparaît de la scène. Hector sort des rangs et défie les chefs Achéens; son défi est accepté, et le sort désigne Ajax pour lui tenir tête. Il y a là plusieurs difficultés. Comment les Achéens vainqueurs consentent-ils à interrompre eux-mêmes volontairement leurs succès?

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