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LIVRE IX 137

che par sa lenteur avec les morceaux créloquence naïve et vigoureuse auxquels il est associé. Quant aux paroles emportées d'Achille, elles sont compa- rables aux plus beaux passages du chant de la Que- relle^ dont elles reproduisent d'ailleurs exactement les qualités distinclives. Nul doute pour nous par conséquent sur l'origine vraiment homérique de tous ces développements. Mais, chose inattendue, ils sont inconciliables avec le poème actuel. D'une part, ils ne s'accordent pas avec la promesse de Zeus à Thé- tis, car la satisfaction pleine et entière ici offerte à Achille est de nature à dégager le dieu de son ser- ment, sans que les Achéens aient encore cruelle- ment souffert. Et d'autre part ils s'accordent encore moins avec ce qui va suivre. Sans discuter toutes les difficultés de détail*, relevons la contradiction formelle qui existe entre V Ambassade et le commen- cement du livre XVI. Là, Achille, prêt à envoyer Patrocle au combat, lui recommandera de modérer volontairement son succès, « afin que les Achéens lui rendent sa jeune captive et qu'ils lui apportent de beaux présents » (XVI, 83). En d'autres termes il veut obtenir au seizième livre, par un calcul de politique, précisément ce qui lui est offert au neu- vième dans le poème actuel et ce qu'il y refuse avec un emportement appuyé de serments qui n'admet- tent pas de retour. Ces deux scènes ne peuvent appartenir à un même plan'; il en résulte que le

1. XI, 608 : Nuv 6'îw ;c£pi youvai' ejxà (JT7[a£<jO«i *A/aioû; — Xia^o^i.^- vov»;. XVI, 71 : Tocya xsv çsuyovTsç evocûXou; — TrXTjgs'.av vfixiwv, £* {xoi xGSi'wv 'Ayajx^tJLVtov — ^:iia vZtir^,

2. Il est impossible, malgré l'opinion contraire de Bergk (Griech. Liicr.^ t. I, p. 594), de considérer le passage du livre XVI comme une interpolation, car ce passage tient au développement même de l'idée; en outre, une interpolation doit avoir une raison d'être:

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