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RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES 171

tive et comparée des diverses parties du poème. Mais indépendamment des innombrables objections de détail qu'elle soulève, on peut la combattre aussi par certains arguments généraux que nous devons mentionner ici à titre d'observations préliminaires. Ces arguments ont été produits pour la première fois d'une manière vraiment méthodique et savante par Fr.-Aug. Wolf dans ses célèbres Prolégomènes, publiés en 1795. C'est cet ouvrage qui a posé pour le monde savant les questions homériques*. Bien que les idées de Wolf aient été depuis lors réfutées en partie, nous croyons que ce qui en reste est assez important et assez vigoureux pour mériter réflexion. Wolf s'était proposé principalement d'établir que récriture était inconnue, ou du moins hors d'usage, au temps où fut composée V Iliade* ; et comme un aussi long travail de composition lui semblait impos- sible sans le secours de cet art auxiliaire, il con- cluait de là ou laissait conclure à ses lecteurs que le poème actuel était un simple assemblage de morceaux anciens rapprochés les uns des autres par l'industrie des arrangeurs de Pisistrate. La critique, depuis un siècle, a considérablement afl*aibli la partie essen- tielle de sa démonstration. D'une part, elle a fait voir combien il était hasardeux de fixer une limite précise à la puissance de la mémoire. En étudiant chez divers peuples et en divers temps les produc-

1. Lire, dans la Revue des Deux-Mondes du l»' mars 1848, un article de M. Galusky sur Wolf. On y trouve à la fois d'intéres- sants renseignements biographiques et un exposé critique de ses idées sur Homère.

2. Il avait été précédé dans cette démonstration par Robert Wood, auteur du remarquable Essai sur le génie original d'Homère (en anglais, Londres, 1769), traduit en français par Demcunier, Paris, 1777.

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