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202 CHAPITRE III. — FORMATION DE LILIADE

épuisés, sauf à les rajeunir par des scènes dues à leur imagination ou empruntées à des mythes locaux. Et plus tard encore, quand la tragédie reprit sous une troisième forme ces mêmes sujets, on vît des poètes du plus grand génie s'imiter indéfîniment les uns les autres, en remettant sans cesse sur la scène les mêmes personnages et les mêmes situa- tions. Les Homérides n'ont pas fait autre chose trois ou quatre siècles plus tôt. Ils ont gardé, de géné- ration en génération, ce qui plaisait à leur public dans le legs de leurs prédécesseurs, mais en le renouvelant par des additions qui suffisaient à leur goiil de nouveauté.

Déterminer exactement dans quel ordre chrono- logique ces additions se sont succédé est chose impraticable actuellement, et il est fort possible même que la critique n'arrive jamais à ce résultat idéal, bien qu'après tout il ne soit pas sans honneur ni sans utilité de le poursuivre. Mais ce qu'on peut faire du moins, c'est de les grouper selon leur na- ture de manière à mieux rendre raison de ce qu'ont voulu leurs auteurs.

Et tout d'abord il est à peine besoin de dire quelle grande part a eue Tiniitation au développement du groupe primitif. Les deux parties de la Diomédie, qui constituent ensemble le VP livre actuel, semblent bien n'avoir pas eu d'autre origine: la première partie est une admirable imitation Aq^ Exploits cC Agamemnon ( XP livre actuel ), et cette première partie a donné naissance elle-même à la seconde, qui n'en est qu'une variante. 11 y a là de telles beautés poétiques qu'on peut se demander si ce n'est pas l'auteur même des chants primitifs qui s'est ainsi imité lui-même. En < e cas, il aurait le premier donné l'exemple d'un procédé dont ses successeurs devaient user large-

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