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204 CHAPITRE III. — FORMATION DE L'ILIADE

primitif la description bien plus liche en incidents d'un assaut. On ne peut nier qu'il no Tait fait en vrai poète. Mais l'invention fondamentale, comme nous l'avons déjà remarqué, trahit, dans son invrai- semblance naïve, un besoin de nouveauté que le poète primitif ne pouvait connaître et qui répugnait même à la nature de son génie. Dans VAc/nlléide, presque tous les épisodes célèbres, la Fabrication des armeSy le Combat des dieux, le Combat d^ Achille et du Xanthe procèdent d'une intention analogue. Il avait sufTi au premier poète de mettre Achille en face d'Hector pour tirer de cette simple invention un des plus beaux drames que l'imagination humaine ait jamais créés. Il faut à ses successeurs un fleuve soulevé, une inondation^ toute une plaine boule- versée par les flots, puis la lutte étrange de la flamme et de l'eau, c'est-à-dire une série d'inven- tions, frappantes assurément, mais extraordinaires. D'un bout à l'autre du poème, nous retrouvons, comme le précédent chapitre l'a fait voir, cette double série d'inventions juxtaposées, les unes simples, tirées tout entières de la vérité morale, les autres merveilleuses et plus ou moins compli- quées. Kt, cliose leinarquable, les premières oc- cupent ce (ju'on peut appeler les positions essen- tielles du poème, tandis que les secondes sont toujours là par surcroîl, témoignant de Teflort fait par d'ingénieux cl brillanls successeurs pour développer l'œuvre de leur inimilal)le devancier. Tout le groupe des livres XIII , XIV et XV, qui a pour cenli'c la scène où Itéré éloigne Zeus du champ de l)alaille et qui nous monire Tinterven- lion de Poséidon rendant un instant la victoire aux Achécns, tout ce groupe (jui coiistilue la princi- pale péiipéli(* de V Iliade avant la Patroclie, me

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