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CHANTS DE RACCORD 209

l'autre, lorsqu'on les récitait ensemble ; mais il pouvait arriver aussi qu'on les récitât isolément, car le poème une fois connu du public, personne n'éprou- vait de difficulté à comprendre la situation supposée et continuée intentionnellement dans le second. De la même façon, la Mort d'Hector^ noyau de la fin du poème actuel, a pu porter successivement tel ou tel épisode précédent ou suivant, qui à son tour en a porté d'autres. Le même effet s'est produit dans chaque groupe ; et le plus souvent par conséquent aucun travail postérieur n'a été nécessaire pour réunir des morceaux qui naissaient en quelque sorte tout réunis.

Toutefois, comme nous l'avons dit, certaines par- ties, ou primitives ou du moins très anciennes, avaient été composées d'une manière plus indépen- dante : tout en reconnaissant la donnée générale, elles ne se rattachaient d'une mîinière étroite et directe à aucun chant déjà existant, et par suite elles n'avaient point de place fixe dans la série. Les Exploits de Diomède^ les Adieux d'Hector et d'^wrfro- maque, V Ambassade en sont des exemples. De bonne heure, les aèdes homériques durent éprouver le besoin de faire cesser cet état de choses. A mesure que l'ensemble des chants existants apparaissait plus nettement sous la forme d'une longue chaîne d'évé- nements liés les uns aux autres, il devenait plus nécessaire de ne rien laisser d'essentiel en dehors de cet enchaînement. 11 fallut donc fixer les chants flottants ; et c'est pour cela qu'on fit des chants de raccord.

Les Exploits de Diomède durent être un des pre- miers chants ainsi fixés. Sa place dans la série fut déterminée par une considération très simple. C'était une grande victoire des Achéens. Or entre la dé-

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