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218 CHAPITRE IV. — LART DANS L'ILIADE

conditions dans lesquelles il s'est formé, il est sur- prenant de voir combien Tunité fondamentale a été respectée, et quels efforts on a fait, là même où il fallait bien la sacrifier quelque peu, pour s'en écarter le moins possible. V Iliade^ conçue comme une œuvre collective, atteste certes d'une manière remarquable cette libre et intelligente docilité dont l'esprit grec devait plus tard donner tant de preuves éclatantes. Si d'ailleurs la marche de l'action est quelquefois lente, si même dans la première partie surtout, cette lenteur va jusqu'à l'embarras, il ne faut peut-être pas trop le regretter. Grâce à la manière dont elle s'est formée, Vlltade offre, dans son unité, le spectacle d'une étonnante variété. C'est là une des qualités qui la distingue le plus avantageusement d'un grand nombre de poèmes épiques. Les scènes qui s'y suc- cèdent ne se ressemblent les unes aux autres que de loin en loin. Et cette variété ne tient pas seulement à ce fait qu'à côté des grandes mêlées furieuses nous rencontrons des épisodes de sentiment et de des- cription, comme les JdieiLx d Hector et d Andromaque , Zeus trompé par Héré, ou le Bouclier d'Achille. Virgile a su insérer également dans son poème des épisodes de diverses sortes, et pourtant TjÇweïrfe n'échappe pas complètemenl à la monotonie. La variété de Vlliade est bien plus profonde. KUe tient à des différences d'imagination, de sentiments, de style même : ici la grandeur et la simplicité antique, là une grâce bril- lante et presque pompeuse, ailleurs des inventions merveilleuses, et tout à côté le naturel le plus dédai- gneux des artifices poétiques. Si ces dissemblances allaient jusqu'aux disparates, elles seraient exces- sives, et r///W<? n'aurait jamais été un poème. Mais voilà justement le Irait hellénique. De même qu'au Parthcnon rinégalilé de mérite des sculpteurs qui

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