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LA LANGUE DE L'ILIADE 2G1

Les formes éoliennes se trouvent d'abord dans un grand nombre de locutions traditionnelles, formules ou épilhètes'. C'est là un fait 1res important à noter, car il prouve évidemment que la poésie homérique est surtout éolienne par ce qu'elle a de plus ancien. Ces formules ont été créées dans une langue éolienne, non dans une langue ionienne, et plus tard, consa- crées par l'usage, elles ont gardé leur forme primi- tive. Mais l'emploi de l'éolisme dansla langue homé- rique n'est pas restreint à ces vieilles choses souvent répétées et presque immuables. On trouve, en dehors des formules et des épithètes consacrées, des formes éoliennes substituées à des formes ioniennes quand la nécessité de la mesure l'exige ; on les trouve même là où elles sont non pas indispensables, mais simplement plus commodes. Il est clair par là que la poésie homérique s'adressait originairement à un au- ditoire pour lequel ces formes n'étaient ni inconnues ni désagréables. Les Ioniens qui entendirent d'abord Ylliade avaient donc assez d'habitude de l'éolisme pour reconnaître immédiatement les formes propres à ce dialecte, et ils trouvaient peut-être une certaine saveur particulière à des sons qui n'étaient pas tout à fait ceux dont ils se servaient quotidiennement.

La langue ionienne de VIliade différait d'ailleurs elle-même assez notablement de celle qui était alors courante. Formée par une succession peut-être déjà longue de poètes, elle conservait par héritage un assez grand nombre d'archaïsmes d'une part, et de l'autre des expressions ou des locutions que ces poètes avaient créées pour leur usage.

��1. Sur les éolismes d'Homère, voir Hiariclis, De lloinericae elo- cntionis vestigiis aeolicis, léua, 1875.

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