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LA LANGUE DE L'ILIADE 265

magnificence de sons et d'images qui prête au récit épique richesse et grandeur. Mais ce qu'il faut remarquer dans celte richesse, c'est qu'elle ne nuit en rien à la clarté. Les mots composés de la poésie épique diffèrent en cela très notablement de ceux que créa plus tard la poésie lyrique, en particulier le dithyrambe. Presque tous sont formés d'un radical de nom et d'un radical d'adjectif qui le qualifie (XejxciXevsç, SsX'xsîixioç) ; c'est le procédé de composition le plus simple et le plus clair : quand la langue homérique associe entre eux d'autres éléments, elle le fait toujours dans le même esprit, de façon que le sens du mot nouveau ressorte avec éclat. Indépen- damment des expressions composées, il y a beaucoup d'autres créations poétiques dans la langue d'Homère. Nous nous bornons à signaler celles qui sont de l'essence même de toute poésie, comme en général toutes les métaphores et toutes les manières indi- rectes de traduire la pensée. On ne peut trop admirer à cet égard et les ressources qu'elle sait trouver et Tart avec lequel elle en use. Elle a autant de force et de grandeur que de finesse et de grâce ; elle sait décomposer ou au contraire resserrer une expression selon le besoin ; elle possède à la fois l'abondance et la vigueur*. Il est bien remarquable en particulier de voir combien ce soin de grandir et d'embellir l'élocution est éloigné d'une fausse noblesse. Par- tout les choses simples sont énoncées simplement, les mots propres sont employés à propos soit pour éviter des longueurs, soit pour donner de la force au style, et les périphrases, quand elles se mêlent

��1. Qaintilien, X, 46 : Hune nemo in magnis rébus sublimitatc, in parvis proprietate superaverit. Idem laetus ac pressus, jucundus et graris, tum copia, lum brevitate mirabilis.

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