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LIVRES V-VIII 287

qui se trouve à la fin du même livre (v. 521 et suiv.), car c'est surtout par reffet produit sur Ulysse que ce premier chant nous intéresse. La description des jeux, bien que peu utile à l'action, est adroitement combinée pour mettre en relief à la fois la fierté d'Ulysse, sa force et son adresse. En revanche le récit des Amours dArès et d'Aphrodite^ mis dans la bouche de l'aède, est entièrement étranger au sujet ; en outre, cette sorte de satire, légère et moqueuse, dont les dieux sont l'objet, semble bien peu d'accord avec l'esprit de gravité religieuse qui règne d'ailleurs dans tout le poème; et il faut ajouter encore que ce morceau est loin de se relier naturellement à ce qui précède, car de toute façon un tel chant ne peut être l'accompagnement d'une danse, comme cela résulte de la forme actuelle du récit. Des critiques anciens, comme l'attestent les scolies, en suspectaient déjà l'origine. 11 y a donc lieu de le considérer comme intercalé après coup dans l'ensemble du livre VIII. La fin de ce livre nous offre le tableau du repas du soir et nous fait assister à un second chant de Démo- docos,qui provoque encore l'émotion d'Ulysse. Cette émotion éveille la curiosité amicale d'Alkinoos, et ainsi est amené dans le poème actuel le commence- ment des récits d'Ulysse, que ce huitième livre pré- pare, avec une intention évidente, mais un peu longuement.

III

Les récits d'Ulysse chez Alkinoos ('A>vx(vcu axoXoYoi) forment dans V Odyssée un groupe de chants des plus curieux à étudier. C'est là en effet que nous saisis- sons peut-être le mieux la diversité des éléments qui ont constitué le poème.

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