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296 CHAPITRE V. — ANALYSE DE L'ODYSSEE

d'ailleurs, ici encore, qu'un souci extrêmement faible de la conduite du récit et des vraisemblances de détail. Pourquoi au début ramène-t-il Ulysse et ses compagnons chez Circé ? Son seul motif est le désir de placer dans la bouche de la déesse une prédic- tion, qu'on pourrait appeler le programme du spec- tacle. Il se plait tant à ces merveilles qu'il tient à nous les montrer ainsi deux fois de suite, en abrégé d'abord et comme de loin, puis d'une manière plus détaillée et plus sensible dans des descriptions dont quelques-unes sont, il est vrai, d'un grand mérite. Les petites difficultés continuent à ne pas l'arrêter. S'il a besoin d'éloigner Ulysse de ses compagnons pour que ceux-ci puissent immoler les bœufs du So- leil, il raconte simplement que le héros s'en va dans l'intérieur de l'île prier les dieux de lui ensei- gner la roule du retour, et qu'il s'y endort (v. 333 et suiv.). Quand les bœufs sont immolés, son Ulysse sait ce qui s'est passé entre Lampétie et Hypérion, et, ici encore, l'auteur, selon son habitude, accuse lui-même l'invraisemblance par une explication qui l'aggrave (v. 389-390). Ce sont là des traits qui ne permettent pas de le méconnaître. Son genre d'ima- gination, son goiit pour l'extraordinaire, ne sont pas moins rcconnaissables dans la description si peu homérique des prodiges qui s'accomplissent après que les bœufs ont été dépecés (v. 394-397). Enfin il faut ajouter qu'il ne se préoccupe guère de raccorder ses récits à l'ensemble de ceux qu'il développe. Car évidemment, c'est lui qui a introduit dans VOdysséc le motif de la colère d'Hélios Hypérion, inconnu au poète primitif. Pour celui-ci, Ulysse n'a d'autre en- nemi que Poséidon qui venge son fils Polyphèmc*.

1. II n'est question d'Hypérion ni dans rassemblée des dieux

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