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LIVRE XIII 299

que aussi composite que la première. La manière dont les fils qui forment la trame du récit sont en- tremêlés semble nous avertir déjà qu'il y a eu là aussi plusieurs desseins successifs. L'étude des détails et l'observation des différences littéraires confirment pleinement cette première impression, mais elles ne doivent pas nous faire méconnaître une véritable unité de conception que notre analyse mettra en lumière et dont nous rendrons compte dans le chapitre suivant.

Le livre XIII raconte d'abord le départ d'Ulysse quittant l'Ile des Phéaciens^ sa navigation nocturne, son arrivée à Ithaque où on le dépose endormi sur le rivage avec ses trésors, et le prodige qui transforme en rocher le vaisseau phéacien conformément à un ancien oracle. Cette première moitié du livre XIII (v. 1-184) a dû être considérée nécessairement comme la fin de VOdyssée primitive par ceux qui la conçoi- vent comme un poème complet et distinct de sa con- tinuation \ Sans ce complément en effet, ce premier poème n'aurait pas de dénoùment, et par conséquent ce ne serait pas un poème. Mais si l'on conçoit les choses d'une manière plus libre, analogue à celle que nous avons appliquée à V Iliade^ il n'y a aucune raison pour couper ainsi en deux le treizième livre. Au point de vue moral et poétique, les deux parties en sont réellement inséparables. La seconde nous montre le réveil d'Ulysse dans son île, et nous fait assister à son entretien avec la déesse Athéné, sa protectrice, qui vient d'abord à lui sous la forme d'un jeune pâtre et bientôt se révèle sous son vrai nom. L'objet de cet entretien est manifestement d'introduire dans les chants nou-

1. C'est Topinion de M. Kircbhoff notamment.

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