Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXVII
PRÉFACE

L’Université de Gœttingue, grâce à la réunion de quelques savants d’élite, prit bientôt la tête du mouvement philologique qui sortit de cette révolution : Berlin pourtant avait précédé. Gœttingue eut Welcker et Otfried Müller. Mais c’est à Berlin que vivait Bœckh, le véritable maître de la philologie allemande du xixe siècle, et qui eut O. Müller au nombre de ses disciples. C’est Otfried Müller qui donna sur l’histoire de la littérature grecque, en 1840, le premier ouvrage qu’on puisse appeler sans restriction d’aucune sorte un chef-d’œuvre. Déjà, sans doute, l’Histoire de la poésie grecque d’Ulrici, parue, un peu auparavant, celle de Bode, commencée alors, mais non terminée, et surtout l’Esquisse de la littérature grecque de Bernhardy[1], publiée quatre années plus tôt, étaient des œuvres fort remarquables. Mais Ulrici et Bode, qui d’ailleurs laissent de côté la prose grecque, sont trop souvent ou des métaphysiciens ou de purs érudits. Chez Bernhardy, le style est d’une abstraction rebutante : la pensée est en général pénétrante et profonde, mais subtile aussi parfois, et presque toujours hérissée d’une terminologie rébarbative ; de plus l’étendue prodigieuse des notes, véritables merveilles d’ailleurs de savoir et de critique, rend ce livre aussi difficile à lire qu’utile à consulter. Celui d’Otfr. Müller, composé à la demande d’une société anglaise et en

  1. Grundriss der Griechischen Litteratur, Halle, 1836. On sait que cet important ouvrage n’a cessé d’être corrigé, remanié, étendu. La quatrième édition a commencé à paraître en 1876.