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LE RÉCIT 363

s'opère insensiblement dans le récit par les détails choisis, par les entretiens, moyens bien simples en apparence, grâce auxquels le narrateur nous révèle peu à peu dans cette brute gigantesque une sorte d'âme, demi-humaine, demi-animale, où s'agitent des instincts conformes à sa nature. Voilà comment nous ne sommes pas choqués de le voir rapproché d'hommes semblables à nous, aussi vivants, aussi naturels que le sont dans le même récit Ulysse et ses compagnons.

Quel que soil donc l'aspect sous lequel nous envi- sagions le récit homérique dans YOdyssée, nous en revenons toujours à ce mérite prédominant d'un fin naturel et d'une délicate vraisemblance. C'est par là que cette admirable composition s'est fait aimer si profondément de l'antiquité grecque avant de char- mer les autres peuples. Vlliade était le poème hé- roïque par excellence, celui dans lequel l'âme natio- nale reprenait sans cesse conscience de ses plus hautes qualités, mais V Odyssée était à la fois un rêve charmant, qui donnait à l'imagination un délicieux essor, et le plus aimable tableau de la vie antique dans sa simplicité primitive, où tant de finesse se mêlait si agréablement à tant de naïveté.

��III

Ce que nous venons de dire du récit s'applique assez bien, d'une manière générale, aux caractères des personnages*. Moins fortement conçus que ceux de

1. L'édition de VOdyssre de Ilayraaii conliciit dans l'appendice E nue analyse assez délaillée du caractère des principaux person- nages, Ulysse, PcucIopc.TcIémaque, Pallas, Antinoos, Eurymaquc, Mcoclas, Hélcuc.

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