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LA LANGUE DE L'ODYSSEE 389

sont les trois suivantes: (t), (juvyj, etvjç. Il est curieux de comparer dans les deux poèmes ce qu'on pourrait appeler la fécondité relative de ces trois formations.

La terminaison œjvy) est représentée dans la langue homérique par vingt-six mots; sur ce nombre, il y en a six qui sont communs aux deux poèmes, six qui appartiennent en propre à V Iliade^ et quatorze qui ne figurent que dans VOdyssée.

A la terminaison (y; se rapportent soixante-dix mots de la langue homérique ; dix-sept sont communs aux deux poèmes; vingt-un ne se trouvent que dans V Iliade^ trente-deux dans VOdyssée seulement.

Enfin la terminaison tu; est représentée psiv dix-sept mots; sur lesquels, trois sont communs aux deux poèmes, cinq propres à Y Iliade^ et neuf b, VOdyssée^.

Il résulte de ces indications que, pour chacune de CCS trois terminaisons, non seulement le nombre des mots employés dans VOdyssée est notablement supé- rieur à celui qui figure dans Vlliade^ mais de plus que Ton voit, pour ainsi dire, se développer dans VOdyssée, par une extension naturelle due à l'ana- logie, des procédés de formation qui ne font en- core qu'apparaître dans V Iliade, Ces faits sont d'au- tant plus remarquables que certainement les poètes de VOdyssée s'appliquaient à imiter la langue de V Iliade et qu'ils se défendaient par tradition des ex- pressions trop nouvelles du langage courant. C'était donc malgré eux, par la force naturelle des choses, que l'abstraction entrait peu à peu dans la langue poétique.

1. Il y a donc en somme 81 mots abstraits en {t), otSvt] et tiSç dans le lexique de VOdyssée pour 39 dans celui de Y Iliade, La proportion est de plus du double. Il est impossible évidemment d'expliquer cela par le basard, ni même par la dilTéreuee des sujets traités.

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