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466 CHAPITRE X, — LA POÉSIE HESIODIQUE

de son caractère dogmatique et religieux. Ce n'est pas au nom de l'expérience que le poète enseigne, c'est en vertu d'une science traditionnelle qui s'auto- rise d'une révélation des dieux \ A qui cette science appartenait-elle? A ceux sans doute qui faisaient pro- fession de deviner l'avenir. Un autre poème hésio- dique était intitulé V Ornithomantie ; nous trouvons dans ce titre la confirmation d'une hypothèse qui s'im- pose à nous. Il n'est guère possible que les devins n'aient pas résumé de très bonne heure les pré- ceptes de leur art dans des recueils versifiés qui étaient pour eux comme des codes sacrés. De même que le vers épique a été employé dès la plus haute antiquité pour les oracles, afin de leur donner plus d'autorité et de les rendre plus aisés à retenir, il ne pouvait manquer de l'être aussi pour fixer ces pré- ceptes arides et immuables qui ressemblaient tant à des oracles. Ce n'est pas tel ou tel poète en parti- culier quia pu être l'inventeur de cette poésie chres- mologique : c'est la force des choses qui l'a rendue nécessaire et qui l'a créée, dès qu'il y eut une versi- fication assez souple pour cet usage. Cela étant, on ne peut douter que la poésie hésiodique ne procède, en ce qu'elle a de prophétique, de cette poésie toute spéciale. Par là encore elle est religieuse dans ses origines et jusqu'à un certain point sacerdotale, bien que Fauteur des Travaux lui-même n'ait été rien moins qu'un prêtre.

Dans le même ordre d'idées, il faut tenir compte aussi de l'influence que les oracles proprement dits ont exercée sur elle. Nous avons vu que les anciens attribuaient quelquefois à la première Pythie, Phé- monoé, l'invention du vers hexamètre. Sans prêter à

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