Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/617

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

MÉRITE POÉTIQUE 567

détail, c'est l'idée qu'ont eue les dieux de recourir à Cotlos, à Briaréos et à Gygès, c'est le traité qui a été conclu par eux avec ces redoutables auxiliaires, ce sont en un mot, ici comme précédemment, les préliminaires de l'action bien plus que l'action elle- même ; nous assistons donc a un entretien entre Zeus et les trois Hécatonchires, comme nous assis- tions tout à l'heure à l'entretien de Gaea et de ses enfants :

a Ecoutez-moi, dit Zeus, enfants illustre de Gœa et d'Ou- ranos, afin que je vous apprenne ce que mon cœur me com- mande de dire. Voici bien lonp^temps déjà que nous combat- tons incessamment pour la victoire et la puissance, nous, fils de Cronos, contre les Titans divins. Vous donc, aujourd'hui, déployez contre les Titans la force redoutable de vos bras invincibles, cngajçez avec eux une lutte terrible, en souvenir de notre amitié, en souvenir des maux et de l'odieuse capti- vité dont je vous ai délivrés, quand ma volonté vous tira des ténèbres épaisses pour vous rendre à la lumière. » Il parla ainsi, et le robuste Cottos lui répondit : « Dieu puissant, ce que tu nous rappelles, nous le savons ; nous nip^norons pas ce que vaut ton cœur, ce que peut ta sagesse. C'est toi qui nous a délivrés, nous immortels, d'une alFrcuse malédiction, et c'est par tes conseils qu'échappés aux ténèbres épaisses, nous avons pu sortir de l'affreuse prison, où nous souffrions, ô roi fils de Cronos, des maux inexprimables. Voilà pourquoi, main- tenant, fidèles et dévoués, nous vous donnerons la victoire dans la lutte terrible, et nous combattrons contre les Titans dans vos mêlées furieuses * . »

Là-dessus, le combat décisif s'engage. Un aède homérique ne manquerait pas en pareille circon- stance de nous décrire les combattants, d'en distin- guer quelques-uns des deux côtés, de les faire par- ler, et de mettre dans leurs discours et dans leurs actes toutes leurs passions. Rien de pareil ici. Tout

1. Théogonie, 644-663.

�� �