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LE MARGITES 597

mençait, avec le vers héroïque, déjà illustré partant de chefs-d'œuvre \

��III

��Ce poème remarquable, simplement entrevu par nous dans une demi-obscurité, nous montre bien où en était l'esprit grec à la fin de l'âge épique.

Depuis quatre cents ans, la Grèce apprenait cha- que jour à penser plus hardiment et plus fortement. Elle avait commencé par un rôve magnifique, celui de l'épopée. L'homme y menait une vie presque di- vine. Il y était grand par le courage, par la protec- tion de ses dieux, par la noblesse de sa race, par le déploiement de sa force. Une sorte de rayonnement merveilleux l'y environnait. L'héroïsme était l'état naturel de son âme, et les misères de sa vie ne se laissaient voir qu'autant que l'art et la vérité poétique les réclamaient pour rendre vraisemblable cet hé- roïsme, h^ Iliade, voilà le type incomparable de cette poésie tout éprise d'idéal. Mais peu à peu, l'ombre de la réalité monte sur cette grande lumière ; la vision se rapproche de l'observation. Déjà, dans VOdyssée^ l'héroïsme est moins soutenu, le rêve poé- tique est moins pur et moins haut; une philosophie pratique, un sentiment fort des conditions vraies de Li vie s'y manifestent ; soumis à des épreuves pro- longées, le héros principal s'y exalte moins dans sa force et subit d'une manière plus humaine sa des- tinée. Et toutefois, c'est peu de chose encore. Mais, dans les Travaux^ le changement est grand et pro-

��1. Héphestion, Manuel, p. 64; Marius Victorinus, Ars meirica, 1, II et III.

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