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LA LANGUE GRECQUE

L’ionien a été le dialecte de la poésie épique et plus tard celui de la prose à ses débuts. Il se distingue par sa fluidité, par la multiplicité des voyelles, par sa douceur, dont on peut voir comme un signe extérieur dans la prédominance du son atténué de l’η sur le son plein de l’α. Ces traits sont plus accusés encore dans le nouvel ionien d’Hérodote que dans le vieil ionien des poèmes homériques. L’ionien est le grec d’Asie, légèrement amolli soit par des influences que nous ignorons, soit par l’effet de l’hérédité chez une partie de la race grecque vivant dans des conditions particulières[1]. Dans le vieil ionien, la force native du parler hellénique résiste encore à cet amollissement, et il en résulte une des plus belles formes de la langue grecque, celle peut-être qui unit le plus de délicatesse, de variété, de grâce à l’énergie primitive.

Le lesbien n’a eu de grande importance littéraire que dans la poésie lyrique d’Alcée et de Sapho. Si

    der griechischen Mundarte in Dorisch, Æolisch und Ionisch (mit Attisch) kann nur so weit heute aufrecht erhalten bleiben, als man unter Æolisch alles dasjenige versteht, was weder dorisch noch ionisch ist, ohne damit ein Præjudiz für eine auf ursprünglicher Einheit beruhende Verwandschaft erwecken zu wollen ». Et plus loin : « Eine ins einzelne gehende Darstellung der Verwandtschaftverhæltnisse aller griechiscben Mundarten unter einander zu geben ist auch die jetzige Wissenschaft noch nicht im Stande ». Il faut donc s’abstenir quant à présent de toute affirmation sur l’âge relatif des dialectes et sur leurs relations respectives avec un type primitif.

  1. Otfr. Müller (Litt. grecq., t. I, p. 19 de la traduction Hillebrand, in-12), regardait l’ionien comme une modification du grec primitif, qui se serait produite d’abord sur le continent et de là aurait été transportée en Asie. On tend plutôt aujourd’hui à considérer l’Asie elle-même comme le foyer de l’ionisme. Voyez Curtius, Hist. grecque, t. I, ch. ii.