Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/618

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à découvrir les causes secondes, et, sans nier le NoO; et son acte initial, se garde bien de le faire intervenir partout, parce que, pratiquement, cette explication le plus souvent n’explique rien.

§ 5. Procédés d’exposition.

En histoire, c’est la science qui prépare les matériaux, mais c’est l'art qui les met en œuvre. Or l'art, qui peut traduire fidèlement, peut aussi trahir. Le choix des procédés d’exposition est, en cette matière, d’une importance capitale.

Un historien est avant tout un narrateur; la forme du récit est celle qui domine dans tous les ouvrages historiques. Littérairement, un récit peut être plus ou moins agréable, plus ou moins pathétique, plus ou moins brillant. Au point de vue scientifique (le seul qui nous occupe en ce moment), la question est de savoir s’il donne une idée exacte de la vérité telle que l'historien l'a découverte. Presque tous les récits d’Hérodote sont charmants, mais quelle imago nous offrent-ils de la réalité ? — Beaucoup sont tels qu’un art très scrupuleux et très soucieux de la vérité pourrait les avouer sans hésitation. Mais beaucoup aussi présentent un tout autre caractère. Dans CCS derniers, les plus nombreux peut-être, en tout cas les plus curieux, l’imagination poétique est vraiment souveraine : elle mène tout le détail, sinon l’ensemble; elle donne un corps à ce qui est flottant, des contours à ce qui est vague; elle achève sans cesse l’inachevé, que la science pure eût laissé religieusement tel qu’elle le voyait. Faut-il en citer des exemples? Il s’en trouve à toutes les pages d’Hérodote. Qu’on prenne l’un quelconque de ces petits récits, moitié anecdotes et moitié romans, où les personnages sont si bien en scène, agissant et