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du nez et du prépuce, les principes fondamentaux de ce qu’on a appelé de nos jours la méthode française. Quoique connue à cette époque, la greffe animale ne faisait pas partie du domaine de la chirurgie. Ce n’est que vers le xve siècle qu’elle commença à devenir opération usuelle et qu’on la pratiqua par des procédés réellement efficaces.

C’est en Sicile, en Italie, où l’on coupait à quantité de gens le nez, sous différents prétextes, que prit naissance, et probablement sans aucune communication avec l’Inde, l’art de la rhinoplastie ; c’était la rhinoplastie brachiale, encore appelée de nos jours méthode italienne. C’est alors que se distinguèrent, dans la pratique de cette opération, quelques chirurgiens italiens, tels que : Branca, Bojano, Pavone, Mongistor, etc… C’est alors encore que Gaspard Tagliacozzo écrivit son livre sur les diverses manières d’opérer, et que, par le grand nombre d’opérations qu’il pratiqua, mérita d’être considéré comme l’inventeur de la méthode. Aussi les Bolonais lui élevèrent dans leur amphithéâtre une statue où il était représenté tenant un nez dans sa main.

Comme on le voit, la pratique de cette greffe avait été acceptée avec enthousiasme de l’autre côté des Alpes ; il n’en fut pas de même en France : Ambroise Paré en tête, puis Dionis, Chopart, Dessault, furent à peu près unanimes pour la proscrire, tant lui avaient fait de tort les exagérations italiennes.

Les hommes de lettres eux-mêmes parurent défavorablement impressionnés par les résultats de cette opération, et ils accablèrent de leurs railleries l’art de