Page:Darmesteter - Le Mahdi.djvu/38

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vant les tristesses du présent aime à mettre une espérance dans les lointains de l’avenir. Chez les peuples tourmentés d’un rêve national, c’est l’attente d’une ère nouvelle. Vous savez combien de siècles les Celtes d’Angleterre ont attendu Arthur, qui repose dans l’île d’Avalon où la fée Morgain guérit ses blessures et qui en sortira pour chasser les Saxons et conquérir le monde. Les Serbes attendent Marko Kralievitch, qui dort dans la caverne où Dieu l’a transporté au plus fort de la bataille. Vous connaissez par Victor Hugo Frédéric Barberousse et le château de Kaiserslautern ; vous vous rappelez les cris de joie des poètes allemands en 1870, s’écriant que Barberousse était réveillé et que l’arbre flétri avait reverdi (16). En 1848, à la nouvelle des défaites autrichiennes en Italie, le bruit se répandit qu’au moment où il ne resterait plus à l’empereur que deux soldats, l’hôte souterrain allait reparaître et dans un ouragan balayer l’armée italienne. En Portugal, plus d’une vieille femme raconte encore que don Sébastien, avec qui la