Page:Daudet - Jack, I.djvu/50

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que l’enfant reçût une éducation distinguée et aristocratique.

— Oh ! pour cela, fit madame Moronval, née Decostère, en redressant sa longue tête.

Et son mari ajouta qu’il n’admettait au gymnase que des étrangers de distinction, des héritiers de grandes familles, des nobles, des princes. Il élevait même, en ce moment, un enfant de sang royal, le propre fils du roi de Dahomey. Pour le coup, l’enthousiasme de mademoiselle Constant ne connut plus de bornes.

— Un fils de roi !… Vous entendez, monsieur Jack, vous serez élevé avec un fils de roi !

— Oui, reprit gravement l’instituteur, j’ai été chargé par Sa Majesté dahomienne de l’éducation de Son Altesse Royale, et je crois, sans me vanter, que je suis arrivé à en faire un homme remarquable sous tous les rapports.

Que pouvait donc avoir le jeune négrillon qui arrangeait le feu, là-bas, pour s’agiter ainsi et remuer le seau à charbon avec ce terrible bruit de fonte ?

L’instituteur continua :

— J’espère, et madame de Moronval-Decostère, ici présente espère comme moi, que le jeune roi, une fois monté sur le trône de ses ancêtres, se souviendra des bons conseils, des bons exemples que lui auront donnés ses maîtres de Paris, des belles années passées auprès d’eux, de leurs soins infatigables et de leurs efforts assidus.