Page:Daudet - Jack, II.djvu/48

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C’est cette mauvaise fréquentation qui l’a perdu. Avant, il n’y avait pas d’apprenti plus honnête, plus fidèle à son devoir. Ma femme, ma fille, tout le monde l’aimait à la maison. Nous avions confiance en lui. Il a fallu, bien sûr, qu’il rencontrât ce misérable.

Bélisaire, en s’entendant traiter ainsi, avait une mine si effarée, si désespérée, que Jack, oubliant pour une minute l’accusation qui pesait sur lui-même, prit bravement la défense de son ami.

— Je vous jure, monsieur Roudic, que ce pauvre garçon n’est pour rien dans tout ceci. Quand on nous a arrêtés hier, il venait de me rencontrer errant dans les rues de Nantes, et comme je… je n’étais pas en état de me conduire, il allait me ramener à Indret.

— Vous auriez donc fait le coup tout seul ? demanda le directeur d’un air incrédule.

— Mais je n’ai rien fait, monsieur. Je n’ai pas volé. Je ne suis pas un voleur.

— Prenez garde, mon garçon, vous entrez dans un mauvais chemin. Il n’y a qu’un aveu complet et la restitution de l’argent qui puissent vous mériter notre indulgence. Quant à votre culpabilité, elle est trop évidente. N’essayez pas de la nier. Voyons, malheureux enfant, vous étiez seul avec les dames Roudic dans la maison cette nuit-là. Avant de se coucher, Zénaïde a ouvert son armoire devant vous, elle vous a montré la place même de sa cassette. Est-ce vrai ? Puis, au milieu de la nuit, elle a entendu remuer votre